Edward John Smith

(27-01-1850 - 15-04-1912)

Fonction : Commandant / Grade : Capitaine


Edward John Smith est un marin britannique. Élevé dans un milieu populaire, il quitte tôt l'école pour s'engager dans la marine. Après avoir obtenu son certificat de capitaine, il entre au service de la White Star Line, prestigieuse compagnie britannique. Il gravit rapidement les échelons, et obtient en 1887 son premier commandement à bord du SS Celtic. Il dirige par la suite de nombreux navires de la compagnie, notamment le SS Majestic, qu'il commande pendant plus de sept ans.

Edward John Smith acquiert progressivement une forte popularité de par son caractère agréable et imposant, qui lui vaut l'affection de nombreux passagers. En 1904, il devient le commodore de la compagnie, et est désormais chargé de commander ses vaisseaux amiraux. Il se trouve ainsi successivement à la tête du Baltic, de l'Adriatic, de l'Olympic et du Titanic. Il est à cette époque le marin le mieux payé, et sa popularité est telle que certains n'acceptent de voyager qu'avec lui. Jusqu'en 1911, sa carrière n'est troublée que par deux missions de transport de troupes lors de la Guerre des Boers.

La situation change en 1911. Aux commandes du tout nouveau paquebot de la compagnie, l'Olympic, Edward John Smith ne parvient pas à empêcher une collision avec le croiseur Hawke dans le port de Southampton. L'année suivante, il est affecté au Titanic, qui heurte un iceberg le 14 avril 1912, et coule le lendemain à 2 heures 20. Edward John Smith périt dans le naufrage, à l'âge de 62 ans. Il est représenté dans de nombreux films consacrés à la catastrophe, et plusieurs hommages lui ont été rendus.


Edward John Smith est né à Hanley en Angleterre. Il est le fils du potier Edward John Smith et de l'épicière Catherine Smith. Le quartier où il grandit est un quartier pauvre, et peu de ses habitants parviennent à y mener une carrière brillante. En effet, en 1900, la mortalité infantile y est encore d'un enfant sur quatre, et beaucoup d'enfants travaillent très tôt dans l'industrie de la poterie. Les registres paroissiaux mentionnent également de nombreuses morts dues à des maladies, ce qui explique que peu d'enfants de cette région ont pu aspirer à un avenir radieux. Par la suite, ses parents déménagent pour ouvrir une épicerie.

Edward John Smith reçoit une bonne éducation à la Etruria British School qu'il quitte cependant à l'âge de 13 ans. Il rejoint ensuite le monde maritime et s'embarque sur divers navires comme mousse. Les conditions de travail sont difficiles et le travail dangereux, mais Edward John Smith parvient à surmonter ces épreuves. En 1869, il embarque comme apprenti à bord du Senator Weber de la compagnie A. Gibson & Co. de Liverpool.

En 1875, il obtint son certificat de capitaine et sert comme quatrième officier à bord du Lizzie Fennell l'année suivante.

En 1886, Edward John Smith est engagé par la White Star Line et débute comme quatrième officier à bord du SS Celtic puis sert sur le SS Adriatic au même poste avant de devenir, l'année suivante, commandant du SS Celtic. Il commande également de nombreux navires de la compagnie :

À l'exception du SS Coptic, sur lequel il sert en 1889, les autres navires qu'il commande sillonnent l'Atlantique Nord.

En 1895, Edward John Smith accède aux commandes du SS Majestic, qu'il dirige sans interruption jusqu'en 1902, date à laquelle le navire subit une refonte. Lors de la Guerre des Boers, Smith et son navire sont réquisitionnés pour deux traversées afin d'assurer le transport de troupes à destination du Cap. En 1901, il doit également faire face à un cas de combustion spontanée dans l'une des soutes à charbon du paquebot mais l'incident est sans gravité. L'événement se répète à deux reprises dans sa carrière, tout d'abord sur le Baltic en 1906 puis sur le Titanic lors de son unique voyage en avril 1912. En 1902, toujours aux commandes du Majestic, Edward John Smith doit manouvrer pour éviter des icebergs. De décembre 1902 à mai 1903, le Majestic subit une refonte, et Edward John Smith est muté à bord du Germanic. Il retourne ensuite sur son paquebot préféré qu'il commande encore une année, avant de devenir commodore de la compagnie.

Concernant sa vie familiale, Edward John Smith se marie le 12 juillet 1887 avec Sarah Eleanor Pennington dont il aura une fille, Helen Melville Smith, en 1898. Tous trois vivent à Southampton dans une maison par la suite détruite pendant la Seconde Guerre mondiale. Eleanor Smith meurt renversée par un bus le 29 avril 1931.

En 1904, Edward John Smith devient le commodore de la White Star Line, cela signifie qu'il commande le navire le plus imposant de la compagnie, de sa mise en service à l'arrivée d'un nouveau navire plus imposant. Il commande ainsi le Baltic, troisième navire de la série des Big Four, lors de son voyage inaugural le 29 juin 1904.

Trois ans plus tard, le 8 mai 1907, il passe aux commandes de l'Adriatic, sister-ship du précédent. Alors qu'il commande ce navire, il fait une déclaration concernant sa carrière passée : "Bien sûr, il y a eu des tempêtes d'hiver, des orages, du brouillard et autres choses de ce genre pendant les quatre années où j'ai été en mer. Mais je n'ai jamais rencontré d'accident qui mérite d'être mentionné... Je n'ai jamais vu un naufrage, je n'en ai jamais vécu. Je ne me suis jamais trouvé dans une situation qui aurait pu mener à un désastre". Cependant, Edward John Smith a connu quelques incidents dans sa carrière. Il a ainsi échoué l'Adriatic en 1909, de même que le Baltic lorsqu'il était aux commandes, mais ces accidents étaient sans conséquences durables. Alors qu'il commande l'Adriatic, il gagne le surnom de "roi des tempêtes".

Parmi ses nombreux surnoms, le plus connu est celui de "Commandant des Millionnaires". En effet, Edward John Smith est très apprécié dans le milieu maritime. C'est un homme tranquille, rassurant et calme. De nombreux passagers parmi les plus riches du monde l'apprécient, et certains ne veulent voyager qu'avec lui. Les marins ont le même avis le concernant, et aiment voyager avec lui. Charles Lightoller, deuxième officier du Titanic écrit ainsi dans ses mémoires que Edward John Smith était le type même du capitaine bienveillant à la voix calme sans pour autant manquer d'autorité. Il mentionne notamment la dextérité avec laquelle il manouvrait ses navires à toute vitesse dans les chenaux menant au port de New York. Edward John Smith est le marin le mieux payé de son époque, avec un salaire annuel de 1 250 livres sterling (soit environ 6250 livres sterling de 2001) et une prime de non-collision de 200 livres. En comparaison, Henry Wilde, son second sur le Titanic, touche pour sa part 300 livres par an.

Après les Big Four, la White Star Line décide de mettre en service une nouvelle série de paquebots aux proportions inégalés, ceux de la classe Olympic. En tant que commodore de la compagnie, Edward John Smith doit donc commander chacun de ces navires. Il prend le commandement de l'Olympic pour son voyage inaugural le 21 juin 1911. Avant la traversée, il fait visiter le paquebot au roi d'Espagne Alphonse XIII, qui apprécie tant la visite qu'il envoie personnellement une lettre de condoléances à Eleanor Smith après la mort de son mari dans le naufrage du Titanic. Le succès de ce voyage inaugural est cependant entaché par une légère collision avec un remorqueur dans le port de New York.

Le premier incident grave de la carrière de Edward John Smith survient le 20 septembre suivant. Alors que l'Olympic quitte le port de Southampton, les machines du navire attirent un croiseur de la Royal Navy, le Hawke qui heurte violemment le paquebot, obligeant la White Star Line à l'envoyer dans les chantiers navals Harland & Wolff. La responsabilité de l'accident n'est cependant pas rejetée sur Edward John Smith mais sur le pilote chargé de la manoeuvre en zone côtière. À la fin des réparations, il reprend le commandement du paquebot jusqu'au 30 mars 1912, date à laquelle il cède le navire au capitaine Herbert Haddock.

Dans la continuité de ses affectations, Edward John Smith est muté à bord du sister-ship de l'Olympic, le Titanic, pour son voyage inaugural entre Southampton et New York. Il a été dit que Edward John Smith effectuait ici sa dernière traversée avant de partir à la retraite, puisqu'il était âgé de 62 ans. En réalité, ce fait est loin d'être avéré, Edward John Smith n'ayant probablement pas pris de décision à ce moment. De plus, un article publié dans un quotidien de Halifax le 19 avril suivant précise que la White Star Line souhaitait que Edward John Smith reste aux commandes du Titanic jusqu'à l'arrivée du troisième navire, le Gigantic.

Le 1er avril 1912, Edward John Smith prend ainsi le commandement du Titanic pour ses essais en mer près de Belfast. Le mauvais temps le force cependant à les repousser jusqu'au lendemain, et les essais sont raccourcis pour tenir les délais de mise en service du navire. Les principaux tests sont cependant effectués, puis le navire part pour Southampton où il arrive dans la nuit du 3 au 4 avril. Le départ est prévu pour le mercredi suivant, le 10.

Le 10 avril 1912, à 7 heures du matin, il dit au revoir à sa fille et à sa femme pour la dernière fois et monte dans le taxi qui l'emmène au port de Southampton. Il arrive à bord du navire vers 8 heures et passe en revue l'équipage avant le départ. Il se rend ensuite sur la passerelle où il dirige les manouvres aux côtés du pilote côtier.

Une nouvelle catastrophe est évitée de justesse. En effet, en quittant le port, le Titanic aspire les navires alentours. Les aussières de l'un d'entre eux, le New York, cèdent, et le navire se retrouve entraîné dans le sillage du paquebot en mouvement. Une manoeuvre des remorqueurs permet d'éviter la catastrophe alors que les deux paquebots sont proches d'à peine un mètre.

La traversée est sans histoires dans les jours qui suivent. En tant que commandant, Edward John Smith n'a pas de quart à respecter, contrairement à ses officiers. Il se doit en revanche d'être présent sur la passerelle en cas de gros temps. Edward John Smith dispose par ailleurs d'une suite de trois pièces près de la timonerie et un steward particulier lui est affecté. Il s'agit de James Arthur Paintin, 29 ans, qui le sert depuis qu'il commande l'Adriatic. Edward John Smith joue également un rôle plus mondain et est souvent en contact avec les passagers. Le dimanche 14 avril au matin, il célèbre l'office religieux dans la salle à manger de première classe. Le même jour, dans la soirée, il est invité à un dîner en son honneur au Restaurant à la carte, sur l'initiative de George Widener, première fortune de Philadelphie. À leur table se trouve également Archibald Butt, aide de camp des présidents Roosevelt et Taft. Après le repas, durant lequel, selon la règle, il ne boit pas une goutte d'alcool, Edward John Smith retourne se reposer dans sa cabine, demandant à être averti en cas de problème. Le navire traverse en effet une zone où des glaces ont été repérées, mais la mer est calme et le temps clair, et aucun risque ne semble se profiler.

Le 14 avril à 23 h 40, Edward John Smith n'est donc pas sur la passerelle. C'est à cette heure que le Titanic heurte un iceberg. La secousse est légère, mais suffisante pour attirer l'attention de Edward John Smith qui rejoint les officiers de quart tout en s'habillant. Il interroge le premier officier, William Murdoch sur ce qui vient de se passer et demande à faire fermer les portes étanches du navire, ce qui a déjà été fait. Avec le quatrième officier Joseph Boxhall, ils se rendent dans l'aileron de manoeuvre tribord pour tenter d'apercevoir l'iceberg, puis Edward John Smith ordonne à Joseph Boxhall d'aller inspecter les dégâts. Informé de l'ampleur des avaries, le commandant fait convoquer l'architecte Thomas Andrews, concepteur du navire, et tous deux partent inspecter les ponts inférieurs. Thomas Andrews évalue finalement la durée de vie à une heure et demie, et conseille une évacuation.

Edward John Smith prend alors des décisions pour préparer l'évacuation. Il demande notamment de fermer les foyers des chaudières pour éviter des explosions, et fait préparer l'équipage. Il se rend ensuite à la cabine de radio du navire et demande aux opérateurs Jack Phillips et Harold Bride d'envoyer des C.Q.D., signaux de détresse utilisés aux débuts de la radio. Par la suite, Harold Bride part chercher le commandant pour l'informer des réponses reçues, et tous deux retournent à la salle de radio. Harold Bride s'autorise une blague, glissant à son collègue : "essaie un S.O.S., c'est le nouveau signal et tu n'auras peut-être plus l'occasion de l'essayer", qui fait sourire les trois hommes. Cependant, la situation n'a rien pour réjouir Edward John Smith : le navire le plus proche doit arriver dans 4 heures, bien après la fin prévue du navire.

Edward John Smith est très absent durant les opérations de sauvetage, probablement parce que sa présence aurait pu paniquer les passagers. C'est cependant sur son autorisation que les officiers Charles Lightoller et William Murdoch s'occupent de la descente des canots. Une survivante, Mrs J. Stuart White, déclare durant les commissions d'enquête suivant le naufrage que le commandant est venu lui-même dans le Grand Escalier du navire pour demander aux passagers d'embarquer dans les embarcations de sauvetage.

Vers 2 h 05, Edward John Smith se rend une dernière fois à la cabine radio pour relever les opérateurs de leur service. Ceux-ci restent cependant à leur poste dix minutes de plus. Par la suite, les derniers instants du capitaine Edward John Smith prêtent à débat.

La mort d'Edward John Smith n'est pas connue avec certitude. Le sculpteur Paul Chevré a déclaré avoir vu Edward John Smith s'écrier "Ma chance m'a quittée" avant de se tuer avec son arme, idée reprise par d'autres témoins. Cependant, d'autres témoignages déclarant le contraire, et aucune preuve matérielle n'ayant été retrouvée, cette hypothèse n'est généralement pas retenue.

D'autres témoignages disent que Edward John Smith a été emporté par une vague lorsque l'eau a atteint le pont supérieur. D'autres pensent que Edward John Smith a attendu la fin dans la timonerie, sur la passerelle. Certains récits disent qu'il a nagé vers le canot pliant B, qui flottait retourné, mais que, voyant l'embarcation surchargée, Edward John Smith aurait fait demi-tour. Une variante veut qu'il ait apporté un bébé à bord de l'embarcation avant de repartir, mais aucun bébé n'a été retrouvé à bord. Enfin, certains ont déclaré l'avoir vu donner l'ordre d'abandonner le navire, et avoir crié : "Conduisez-vous en Britanniques" ("Be British"), citation que l'on retrouve sur plusieurs plaques commémoratives qui lui sont dédiées.

S'il a été retrouvé, son corps n'a jamais pu être identifié, ce qui fait que sa fin ne sera probablement jamais connue.