Eva HART

(31-01-1905 - 14-02-1996)


Une rescapée du naufrage du "Titanic", Miss Hart :

"La dernière parole de mon père sur le pont :
Sois bien sage"


Elle avait 7 ans mais n'a jamais oublié les pressentiments de sa mère :
En voyant le Titanic à quai à Southampton, ma mère déclara que ce bateau n'atteindrait jamais l'autre côté de l'océan et qu'il arriverait quelque chose. Sa peur, qui la tenait éveillée la nuit, nous sauva car à la première alerte, elle obligea mon père à monter sur le pont pour voir ce qui se passait. Nous fûmes presque les premières dans les canots de sauvetage.
Mon père, resté à bord et qui périt noyé, me dit : Be a good girl - Sois bien sage.
La famille HART devait gagner le Canada où M. HART, entrepreneur, voulait s'installer et n'aurait jamais dû se trouver à bord du Titanic.
Leurs places étaient retenues sur le Philadelphia qu'une grève imprévue retînt à quai...

Eva HART revint à Londres avec sa mère :
Plus jamais maman ne voulut approcher d'un bateau.
Moi, j'ai dû attendre l'âge adulte pour vaincre mon angoisse.


Elle est devenue magistrat

Miss HART renonça aux études - La disparition du chef de famille m'interdit ce luxe - mais soprano, elle est devenue chanteuse :
J'ai arrêté en 1964 à l'âge de 59 ans, j'avais des ennuis de santé, et puis je vieillis, ajoute-t-elle en souriant. Parallèlement elle exerça aussi le métier d'assistante sociale. Pendant ving cinq ans, j'ai mené ces deux carrières de front, et depuis 1954, j'ai l'honneur d'être magistrat, ce qui me permet de rendre visite aux détenus dans les prisons. C'est pour cette raison que je dois rentrer ce matin en Angleterre. Je n'étais jamais venue à Paris.
Les souvenirs de sa tragique aventure ont valu à Miss HART d'apporter sa collaboration à Walter LORD pour le livre La Nuit du Titanic qu'il écrivit et qui inspira en 1958 le film de Roy BAKER, Atlantique, Latitude 41° avec Kenneth MORE.

Et aussi de participer il y a quelques années, à une émission de la B.B.C. en compagnie d'un steward du Titanic.

Pour l'émission d'Armand JEAMMOT, Miss HART avait prévu de venir en robe du soir. On le lui a déconseillé et seulement demandé de ne pas porter de blanc.
Miss HART ne s'est donc permis qu'une note de raffinement : son collier de perles et ses boucles d'oreilles.
Mais elle ne s'était pas séparée de sa broche en argent qui représente un bull-dog français. Ce bijou lui rappelle son chien Huffele, mort il y a deux ans, et dont elle conserve tendrement les photos dans son portefeuille.

Article de Carole SANDREL - France-Soir du vendredi 07 février 1969.