LE TRESOR DU TITANIC.
L'émotion fut considérable dans le monde entier.
La catastrophe fut ressentie comme le châtiment de Dieu, qui avait voulu punir les hommes fous d'orgueil dont l'acier et la technique n'étaient rien comparés aux forces de la nature.
A la suite de la catastrophe, des mesures draconiennes furent prises pour réglementer le nombre de canots de sauvetage sur les transatlantiques et on organisa des patrouilles spéciales de garde-côtes chargées de surveiller les icebergs.
Chaque année, l'une de ces patrouilles vient jeter une couronne de fleurs sur les lieux du naufrage, par 41° 46' de latitude nord et 50° 14' de longitude ouest.
De toutes les tragédies de la mer, aucune n'a plus imprégné les mémoires et fouetté les imaginations que le naufrage du Titanic.
Le bateau sombra en , emportant 1503 corps, mais aussi des centaines de palmiers en pot, des milliers de bouteilles de Champagne, des toiles de maître, des bijoux, des automobiles de luxe et le manuscrit du Rubaiyat.
Il n'en fallait pas plus pour donner aux aventuriers l'idée de renflouer le navire géant.
Une tâche qui, au premier abord, semble impossible car le navire repose par plus de 4 000 m de fond, à demi enseveli dans la vase sous des tonnes d'eau glauque et glacée.
La lumière du jour ne pénètre jamais à cette profondeur (elle ne descend pas au-delà de 200 m), et même les poissons se font rares.
L'énorme pression fait éclater les blindages les plus épais et il n'y subsiste que quelques rares créatures de cauchemar comme le calmar géant avec des tentacules longs de 17 m.
Et puis, on se demande ce qui peut rester, 69 ans après la catastrophe, du navire le plus luxueux du monde.
Qu'est-il advenu de ses neuf ponts supérieurs reliés par des ascenseurs, de ses salons aux lambris dorés, de ses cabines aux lits à baldaquin dignes d'un roi de France, de ses escaliers monumentaux ?...
Comment le manuscrit du Rubaiyat a-t-il supporté son séjour dans les abysses et les attaques de la corrosion ?
La première difficulté qui se dresse sur la route de ceux qui voudraient répondre à ces questions est la localisation du navire.
Les chercheurs n'ont pour s'orienter que la position donnée par la radio du Titanic au moment de la catastrophe survenue à 690 km au sud de Terre Neuve.
Or d'après les experts il serait possible que le paquebot ait dérivé de 15 km et même plus, avant de se poser sur le fond.
En 1977, Douglas Woolley, un ouvrier d'usine anglais, âgé alors de 42 ans, fit beaucoup parler de lui en fondant une société, la « Compagnie de sauvetage du Titanic », financée par des hommes d'affaires allemands et dont le but était de repêcher l'épave.
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Après avoir localisé le navire, Woolley comptait renflouer selon un procédé inventé par deux ingénieurs hongrois.
Une équipe devait descendre dans des bathysphères pour attacher à la coque deux cents flotteurs de plastique renforcé.
Une fois ce dispositif en place, il n'aurait plus suffi qu'à lancer des décharges électriques dans chacun des flotteurs dans le but de décomposer l'eau de mer contenue dedans et de libérer l'hydrogène, en entraînant ainsi la remontée des flotteurs et donc du navire.
Mais il semble bien que le projet soit tombé à l'eau (!) car on n'a plus jamais entendu parler de Douglas Woolley.
Un autre projet, plus sérieux celui-là, fut mis sur pied en 1978 par les productions Walt Disney associées au National Géographic Magazine.
Il s'agissait d'aller photographier et filmer l'épave pour en tirer des reportages et un film de long métrage, mais ce proget échoua également.
A la fin de 1979, le magazine britannique Now annonça à grand fracas qu'une nouvelle société s'était créée dans le but d'aller photographier l'épave.
Le chef de l'expédition, le commandant John Grattan, un ancien expert de la Royal Navy, prétendait qu'il lui serait possible de localiser rapidement l'épave grâce à des techniques très sophistiquées, mais ici non plus on n'a plus eu aucune nouvelle de ce projet grandiose.
Enfin, l'an dernier, une expédition fut financée par Jack Grimm, un homme d'affaires américains.
Grimm prétend avoir localisé l'épave du Titanic à 3.600 m de fond grâce au sonar, un appareil de détection avec lequel il a ratissé le fond de la mer.
Mais on n'est pas certain qu'il s'agit de la bonne épave car l'état de la mer n'a pas permis de la photographier comme prévu.
On attend la suite...
Quoi qu'il en soit, il semble que le renflouage du paquebot géant ne soit plus une utopie depuis que l'on sait qu'une opération similaire a été tentée et réussie par les Américains en 1974.
Un sous-marin soviétique équipé de missiles nucléaires avait sombré par 5.000 m de fond au large des îles Hawaï et les Soviétiques avaient perdu tout espoir de le récupérer.
Les services secrets américains réquisitionnèrent le « Glomar Explorer », le plus moderne des navires océanographiques, appartenant au milliardaire Howard Hugues.
Et parvinrent à remonter l'épave.
Cette opération coûta des millions de dollars et mobilisa 4.000 techniciens pendant plusieurs mois.
Peut-être un jour verra-t-on de nouveau le Titanic flotter sur l'Atlantique.
En attendant, on peut aller le voir au cinéma.
Un film intitulé « Raise the Titanic » (Renflouez le Titanic), va en effet bientôt sortir sur nos écrans.
On y voit le bateau remis à flot. Le rêve continue.
Et ce sont souvent des rêves jugés impossibles que naissent les grandes aventures.
M. GODFROID.
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