CARRIERE

	Années 1960		Années 1970		Années 1980		Années 1990

Construit par les chantiers navals Cantieri Riuniti Dell'Adriatico (Photo N°2) à Monfalcone (Italie), ce pétrolier est mis sur cale le 22 février 1958, lancé le 20 septembre 1959, et livré à ses propriétaires la société Navigazione Mercantile S.p.A. de Gènes le 20 octobre 1960 sous le nom de Maina Morasso.

Racheté par le gouvernement français, il arrive à l'Arsenal de Brest le 2 octobre 1963, pour y être transformé en « bâtiment réceptacle » (BR) entre 1964 et 1967. Il est admis au service actif le 1er mars 1968. Une décision du 22 septembre 1972 le redésigne Bâtiment d'Essais et de Mesures (BEM). Le BEM Henri Poincaré devient le bâtiment de commandement du Groupe Naval d'Essais et de Mesures (Groupe « M »), groupe naval créé le 14 Décembre 1966 et rattaché directement au chef d'état major de la Marine. Il comprend jusqu'à 3 escorteurs (Le Savoyard, Le Breton, et Le Basque), puis sera composé après 1980 du seul BEM Henri Poincaré. Le bâtiment sera modernisé en 1978-80 en vue des essais du M4.

Basé à Brest, il était armé par un équipage mixte de la Marine nationale et de la DGA (ingénieurs militaires et personnels civils). Sa mission principale consistait à se placer au large en mer pour observer avec ses capteurs les essais en vol des missiles à longue portée tirés depuis le Centre d'Essais des Landes (CEL) de Biscarrosse.

Tirs balistiques : Pour sa mission principale, qui concerne « l'observation des essais en vol des missiles balistiques ou tactiques », le BEM Henri Poincaré apportait un soutien essentiel à la Direction générale de l'Armement (DGA), et plus particulièrement au CEL de Biscarrosse, qui assure la supervision de l'essai et auquel le BEM Henri Poincaré est opérationnellement rattaché pour l'essai.

En pratique :

Les tirs d’essai des missiles balistiques MSBS étaient et sont effectués :

Soit depuis un sous-marin en plongée au large de Quimper (ou de Biscarrosse pour le sous-marin expérimental Gymnote)
Soit depuis un pas de tir à terre sur le site du CEL de Biscarrosse.

Deux axes de lancement sont utilisés depuis le golfe de Gascogne : l’un vers l'ouest, au large des États-Unis ; l’autre vers le sud-ouest en direction de la Guyane et du Brésil situé à plus de 6 000 km, (dans ce cas, le missile est tiré par un sous-marin positionné au sud de la pointe Bretagne).

Avant chaque tir, le BEM Henri Poincaré se positionne dans une zone « réceptacle » à seulement quelques dizaines de kilomètres des « cibles » (points virtuels en mer) visées où les têtes impacteront la mer après quinze à vingt minutes de vol. C'est ce qui lui vaut le qualificatif de « bâtiment réceptacle ».

Du fait de la rotondité de la Terre et de sa proximité des points d'impact, il est le seul à pouvoir observer le dernier tiers de la trajectoire des têtes (corps de rentrée non armés) et en particulier leur rentrée dans l'atmosphère jusqu'à l'impact.

Quelques missions :

De 1968 à 1991, le BEM Henri Poincaré joua un rôle essentiel dans les essais en vol de mise au point des premières générations de missiles français Mer-Sol Balistique Stratégique dits MSBS (M1, M2, M20, M4, M45) et Sol-Sol Balistique Stratégique dits SSBS (S2 et S3) et de missiles pré-stratégiques (Pluton puis ASMP et Hades), mais aussi à de nombreux essais en vol à des fins d'études (fusées sondes, etc.) pour les études amont liées au développement des technologies de corps de rentrée et de leurres.

Il participa à plus de 150 essais en vol et aura parcouru durant sa carrière 525 000 milles nautiques.

Il a été retiré du service actif par la Marine nationale le 6 janvier 1992 et sa coque fut vendue le 7 octobre 1993 à la Cie Damet Marine de Rotterdam. Il quitta Brest le 16 novembre 1993 pour être démoli à Bombay (Inde). Le BEM Monge le remplace dans sa mission depuis fin 1992.